De fin 2012 à fin 2016, j'ai travaillé et réalisé une thèse sur l'impact des rongeurs introduits sur la biodiversité de la forêt dense humide d'un site au nord de la Nouvelle Calédonie sous la direction d'Eric Vidal. J'étais basée à l'IRD de Nouméa en Nouvelle Calédonie au sein de l'équipe ECIB (Ecologie de la Conservation et Interactions Biotiques, laboratoire IMBE). Après un an de voyage à travers le monde, je recherche actuellement un emploi comme biologiste écologue faune-flore ou en conservation de la biodiversité.
Rats invasifs et biodiversité native au sein des forêts denses humides
de Nouvelle-Calédonie. Eléments pour l’amélioration des stratégies de gestion.
Les rats introduits (Rattus spp.) sont des espèces invasives majeures menaçant la biodiversité sur la plupart des îles de la Planète. Deux espèces, le rat noir (R. rattus) et le rat du Pacifique (R. exulans) vivent en sympatrie au sein des forêts de Nouvelle-Calédonie, où la question de la faisabilité et de l’intérêt de leur contrôle (i.e. limitation locale de leur abondance) pour la conservation de la biodiversité native est posée. En raison d’un manque de cadre conceptuel des projets de contrôle, nous avons d’abord réalisé une synthèse et une analyse des opérations de contrôle de rats invasifs dans les milieux naturels des îles du monde. Puis, nous avons cherché à caractériser et à comprendre la dynamique des populations de ces deux espèces de rats sympatriques ainsi que leurs interactions avec la biodiversité native en forêt dense humide du massif du Mont Panié. Des opérations de piégeage létal et de capture-marquage-recapture ont montré que les rats noirs étaient plus abondants que les rats du Pacifique. Les analyses de leur régime alimentaire ont révélé que les deux espèces ont à la fois des proies communes et des proies qui leur sont propres impliquant un renforcement ainsi qu’un élargissement de leurs impacts sur la biodiversité native. Les rats consomment une grande majorité de fruits et de graines, d’invertébrés et de Squamates mais les oiseaux, qui justifient souvent la mise en place de projets de gestion de rats, ne semblent pas ici être une de leur proie préférentielle. De potentiels effets positifs des rats sur la dispersion des graines ont également été mis en évidence au travers d’une comparaison du potentiel germinatif de graines après passage par leur tractus digestif et celui de frugivores natifs. Enfin, nous avons pu proposer des stratégies de piégeage létal afin de contrôler efficacement les populations de rats invasifs. Une meilleure compréhension des impacts des rats en situation de sympatrie ainsi qu’une meilleure connaissance du lien entre densité de rats et intensité des effets sur la biodiversité permettraient d’optimiser les stratégies de contrôle de rats invasifs lorsque l’éradication n’est pas envisageable.